Les négociations fédérales ont donc accouché d'un résultat inédit.
Au Sud
Côté
francophone il y avait in-fine deux scénarios possibles au fédéral.
Tripartite
classique ou MR seul.
Charles "Pinocchio" Michel - image via Fabian Maingain |
Pour
envisager une tripartite classique, le MR exigeait de monter dans les gouvernements
régionaux.
Mais la
porte des gouvernements régionaux leur était totalement fermée par le PS/CDH.
Notons que c'est bien un choix du MR de refuser la tripartite sous prétexte de leur absence dans les régions.
Notons que c'est bien un choix du MR de refuser la tripartite sous prétexte de leur absence dans les régions.
Si le MR
voulait ne pas manger son pain noir pendant toute la législature, une alliance
avec la N-VA était leur seule option restante.
C'était aussi la seule façon de vaincre pour Charles dans le combat qui l'oppose à Didier Reynders.
Depuis qu'il a été déposé de la présidence du MR, ce dernier joue une guerre des tranchées avec la direction du parti. En s'installant à Bruxelles et en réalisant un score imparable il obligeait Charles à participer au pouvoir sous peine d'être dépassé par Didier et désavoué par sa base Renaissance. L'ambition de ces derniers n'aurait pas toléré de rester dans l'opposition.
Au Nord
Côté
flamand, une alliance sans la N-VA était, elle, impossible pour les
traditionnels flamands.
Parce que c’est
dans l’opposition que la N-VA grandit le mieux. L’y laisser était lui permettre
de renverser son demi revers du 25 mai. (elle a fait moins que prévu, cessé de
grandir)
Il est
temps pour la Flandre que la N-VA se mouille au pouvoir et y devienne un parti « traditionnel ».
Mais cette
présence de la N-VA rendait impossible une présence du PS au fédéral.
Parce que
la N-VA refuse à raison de revenir à ce point sur leur parole de combattre le PS.
Il ne
restait donc que l’option du MR, avec ou sans le CDH.
Ensemble
On débattra
longtemps pour savoir si le MR a été lâche ou courageux, assoiffé de pouvoir ou
réaliste.
S’il s’est
compromis avec des nationalistes ou s’il a pris le risque de l’impopularité
pour le bien de tous.
On en
débattra jusqu’au bilan de cette législature, et peut-être même après.
Parce que
les dangers sont bien présents.
Oui le MR
renie d’importants engagements de son manifeste et de sa campagne.
La N-VA n’est
pas un parti comme les autres. C’est un parti nationaliste et aux relents
racistes, d’après même le MR. Le nationalisme, c'est l'inverse du libéralisme.
C’est quasi
rentrer en coalition avec un Jorg Haider ou un Geert Wilders. Un populiste,
nationaliste, qui a des liens forts et louches avec les milieux d’extrême
droite radicale.
Un parti
qui veut la fin de la Belgique. Un parti qui a accepté en son sein plus de 50 (!!) membres du Vlaams Belang.
Un parti
qui, selon Charles Michel, aurait promis de mettre l’institutionnel de côté.
Mais
peut-on encore croire Michel après la kyrielle de promesses trahies ?
Et peut-on
croire une N-VA qui se serait transformée en agneau pour le bien de la Belgique
qu’elle veut voir disparaître ?
Parce que, fondamentalement, cette législature va mettre en œuvre la 6ème
réforme de l’état.
Et il y a
un gouffre entre les textes et la façon de les appliquer. Il suffit de se
souvenir de la circulaire Peeters pour s’en persuader.
Un gouffre
où la N-VA pourrait s’enfoncer, leur seule façon de ne pas se brûler à l’exercice
du pouvoir étant justement d’engranger des acquis pour leur électorat. Acquis
qui peuvent être économiques, certes, mais est-ce que ce sera suffisant ?
On nous répond qu'à tout moment le MR pourra se retirer; fort bien.
Mais pourra-t-il vraiment le faire ? A quelle fréquence ? Et si le MR obtient le poste de Premier Ministre, Charles Michel ferait lui même tomber le gouvernement Michel I ?
On nous répond qu'à tout moment le MR pourra se retirer; fort bien.
Mais pourra-t-il vraiment le faire ? A quelle fréquence ? Et si le MR obtient le poste de Premier Ministre, Charles Michel ferait lui même tomber le gouvernement Michel I ?
Octroyer le
bénéfice du doute de la loyauté fédérale à un parti séparatiste, n’est-ce pas
là à tout le moins extrêmement naïf ou risqué de la part de Charles Michel ? A moins qu'il n'aie pas le choix dans son combat pour sa survie au MR, auquel cas ce serait juste infâme et calculateur.
Et comment
encore croire Charles Michel dont l’histoire au MR est une suite de
trahisons ?
Il a renié
ses statuts même en organisant le putsch de Didier Reynders.
Il a signé
la scission de BHV sans contrepartie pour les droits des francophones, alors qu’il
avait juré le contraire, excluant de facto les FDF pour qui c’était un geste rédhibitoire.
(FDF qui ne s’en portent pas plus mal, merci pour eux)
Il s’est
associé à la N-VA après avoir juré (contraint et forcé ?) qu’il ne le
ferait pas, transgressant une deuxième fois l’entente francophone.
Il reste donc
maintenant au MR quatre défis à relever :
- Négocier un accord de gouvernement équilibré entre francophones et flamands à 1 contre 3
- Trouver 7 ministrables compétents et leurs cabinets
- Défendre pendant 5 ans les francophones dans l’application de la sixième réforme de l’état face à la gourmandise de la N-VA et face à un CD&V et un Open VLD qui ne voudront pas être en reste. Et ni les flamands ni les francophones ne vont louper ces protagonistes s’ils échouent dans leurs agendas respectifs
- Essayer de nous convaincre qu’on peut de nouveau leur faire confiance quand ils promettent quelque chose
Ce n’est
pas gagné.