28 novembre 2011

Facebook et vie privée, y'a pas photo


Comment les photos devraient être gérées si Facebook comprenait la notion de vie privée.


La notion de ce qui est privé et public sur facebook est sujette à discussion. La lecture récente des arrêts des cours de justice nous dit que des propos tenus sur facebook sont privés lorsque le compte est soumis à une demande d'accès. Mais ce contenu peut parfois devenir public lorsque l'on poste sur le mur d'un ami dont on ne contrôle forcément pas le degré d'exposition et l'accessibilité publique du compte. Les récentes modifications des possibilités de partage vont aussi dans ce sens.

Ainsi, lorsqu'une personne ayant un compte privé publie des photos, la possibilité offerte aux amis de cette personne de voir les photos via le tag d'un tiers peut les rendre publiques.

Sans compter les cas existants de bugs dans le logiciel qui ont déjà rendu publics des comptes privés ou même donné l'accès à la messagerie d'amis.

Si un ami prend des photos à un anniversaire et les poste sur facebook, on peut donc dire que ces photos sont potentiellement publiques.

Diffuser publiquement des photos dans un média tel un journal etc est soumis à autorisation préalable.

Il devrait en être de même sur facebook. Indépendamment des tags, la technologie de reconnaissance faciale devrait être utilisée pour permettre le filtrage des publications au lieu de leur diffusion.

A uploade des photos de B. C, ami de B, se voit proposer par facebook de mettre un tag de B sur la photo "hey, est-ce bien B sur la photo? Mets le tag!"

Nous avons donc A qui diffuse une photo de B sans permission. Et C qui la rend potentiellement visible à tous les amis de B toujours sans permission. La seule solution offerte à B est de retirer le tag. La photo restera visible. Les procédures pour faire retirer du contenu offensant sont lourdes, peu efficaces, totalement inadaptées.

Un système respectueux de B serait le suivant:
A dépose les photos sur facebook.
Facebook identifie B et demande à B de valider la diffusion de son image ainsi que de décider qui est autorisé à la visionner.

Alors oui c'est lourd. Mais le droit à la vie privée ne peut pas être proposé en opt-out. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut ignorer pour ensuite dire "ok si tu le veux vraiment je le respecte". Quand B en revenant du travail voit qu'il a été identifié et que 57 de ses amis ont mis 'lol' en commentaire il est trop tard.

Il est extrêmement regrettable que le respect de la vie privée des utilisateurs du réseau soit si bas dans les priorités de facebook.

Eric Schmidt (google) dit de son côté que si l'on ne veut pas que quelque chose se sache, on ne devrait peut-être pas le faire en premier lieu. Il est inutile de rappeler ici combien cette pensée est dangereuse et fausse. Et combien Marc Zuckerberg s'en inspire...

23 novembre 2011

Petite histoire du conflit Belge

C'est l'histoire d'un petit pays où cohabitent des gens différents.

Ben oui comme tous les pays me direz-vous. En effet, à quelques détails près.
Dans ce pays, les gens du nord parlent une langue germanique (le flamand, une espèce de néerlandais). Les gens du sud une langue latine (le français). Et les gens de l'est du sud, une autre langue germanique (l'allemand).

Splendide illu de MABI pour Le Soir

Sauf que ça n'a pas toujours été si tranché. (private joke pour les amateurs d'histoire)

En 1830, à la création de la Belgique, on parle surtout des patois au nord comme au sud. Des patois flamands au nord et des patois wallons au sud.
Et on parle aussi le français un peu partout, mais à des degrés très divers. Parce que le français à l'époque était la langue des cours et des rois et de la haute bourgeoisie. Par volonté d'émancipation sociale, par mimétisme avec le souverain voisin et par rejet des hollandais qui nous avaient conquis, le français s'imposa comme langue nationale.

Qui imposa ce choix? Il faut d'abord rappeler que le suffrage était à l'époque censitaire: il fallait disposer d'un certain revenu pour pouvoir voter. La noblesse et la grande bourgeoisie avaient la main sur les appareils de l'état. La haute bourgeoisie qui était majoritairement .... flamande. Bruges, Anvers, Gand, avaient alors un aura que même Liège n'avait pas. Bruxelles était déjà une ville fort mixte si je lis bien, avec son patois à elle, le brussels, dialecte néerlandais mâtiné de mots français (1).

Bruxelles avait en effet aussi connu une forte arrivée de réfugiés politiques français et de wallons francisés.

L'enseignement obligatoire diffusa également le français. Bref... Le français s'imposa en Wallonie, en flandres et à Bruxelles.

Au mépris, il faut le reconnaître, du flamand. Celui-ci dût attendre le début du 20ème siècle et 1921 pour commencer à être réellement reconnu. Il faut dénoncer cette triste réalité d'un état qui n'a pas pris en compte tous ses citoyens comme il aurait pu.

Un des paradoxes du mouvement flamand est que le français fût imposé à toute la belgique par des représentants majoritairement... flamands. Mais des flamands francophones. Pour s'en dédouaner les flamands disent que c'étaient des "fransquillons". Pas vraiment des flamands quoi.

Et là c'est un autre mythe fondateur du mouvement flamand. Cette croyance en la réalité d'un territoire linguistiquement parfaitement homogène. C'est une illusion. Le flamand du Limbourg ne parle pas le même néerlandais que celui de Kortrijk mais c'est comme ça. Demandez à un Marseillais de parler avec un Brestois. Plein de mots de patois diffèrent et c'est une richesse.

Il faut aussi se rappeler qu'en 1830 les Wallons parlaient le wallon et pas le français. Mais l'effort qui a été fait en Wallonie pour franciser a été assez bien pris. Mon grand-père était puni quand il parlait wallon à l'école. Sans susciter de révolte. Le wallon serait-il plus conciliant? Plus Panurge? Aucun en tout cas ne vote pour un parti qui réclame qu'on reparle le wallon à l'école, sans doute trop conscient du cadeau que représente une langue internationale.

Pour résumer, de longs conflits, des dizaines d'années, en passant le moment ou le mouvement flamand s'acoquine avec le nazisme, en ne s'appesantissant pas sur l'expulsion des francophones de l'Université de Leuven au cri de "Franse Ratten Rol uw Matten"; ("Rats francophones, roulez vos matelas" ... et partez)
Sans trop revenir sur ces marches neo-fascistes de militants flamands pour attester le caractère flamand de tel ou tel endroit, sur les ratonnades de francophones...
On assiste à une flamandisation de l'état aussi et des grands groupes industriels belges. Les postes clefs sont attribués de préférence à un flamand. Il n'y a plus eu de premier ministre francophone depuis une trentaine d'années. (edit: Di Rupo a au moins eu le mérite de changer cela.)
Il faut tout de même préciser qu'il n'existe AUCUN mouvement anti-flamand chez les francophones. Les actions ci-dessus n'ont jamais au grand jamais connu de pendants dans l'autre communauté.

En 1963, les flamands obtiennent une frontière linguistique. Chacun chez soi! Dorénavant les communes d'une Région seront obligatoirement linguistiquement monogames. Fini de se mélanger! Sauf Bruxelles, officiellement bilingue. (Les estimations parlent à ce jour d'une présence de 7 à 8% de néerlandophones à Bruxelles)

En contrepartie et pour tenir compte de la réalité selon laquelle aucun territoire belge n'est linguistiquement pur on crée des communes à facilités. Des communes qui sont dans une région d'une langue mais on leur reconnaît que l'autre langue y a une importance telle que ses habitants doivent se voir préserver le droit de parler leur langue. On crée aussi BHV. Un arrondissement électoral, judiciaire et administratif mixte. Les deux langues y sont reconnues, le système électoral combiné. BHV veut dire "Bruxelles - Halle - Vilvoorde" du nom des communes qui le composent.

La vie évolue et le mouvement flamand se radicalise.  La Belgique se structure en Régions et Communautés. On se sépare de plus en plus. La dernière pierre d'achoppement en date est BHV.  Les flamands veulent séparer Bruxelles de Halle et Vilvoorde. Que l'on puisse voter pour des francophones ou s'adresser à la justice en français dans ces communes flamandes est pour eux une insulte insupportable au caractère flamand de leur région. Or la "minorité" francophone y dépasse de loin les 7%, pouvant aller jusque 20 ou 30%, je cherche le pourcentage exact. Mais ces quelque 80.000 électeurs francophones DOIVENT être assimilés. Niés en quelque sorte. Et les facilités accordées plus haut il faut les supprimer. Qu'une commune à 80% francophones parle le français? Quel crime abominable.

Oui vous avez bien lu. Désolé, il n'y a pas d'autre façon de le dire. Ils s'opposent au droit des gens à parler leur langue dans une région où ils ont toujours habité, parfois depuis des générations.
Ils croient que les métropoles internationales comme Bruxelles ne grandissent pas. Et que si elles le font leurs habitants doivent s'adapter et émigrer en périphérie en acceptant de changer de culture.

A cela s'ajoute un conflit budgétaire. Car la flandre est économiquement pour le moment en meilleure santé. Elle accuse la Wallonie de vivre à ses crochets. Et la Région de Bruxelles d'être mal gérée.

Et pour cause, la Flandre, elle, ne doit pas gérer la fin de la sidérurgie wallonne qui a financé sa survie pendant 130 ans et lui a offert le port d'Anvers et tant d'autres infrastructures.
C'est aussi oublier que d'ici une quinzaine d'années les courbes démographiques feront que sans la Wallonie la Flandre ne saura pas payer ses pensions.
C'est sans compter qu'une grande partie de la prospérité flamande vient de Bruxelles. Et que celle-ci, si elle est mal gérée, c'est aussi à cause d'un territoire trop petit pour lui permettre de se financer seule et "grâce" aux blocages politiques que les flamands causent en utilisant leur sur-représentation dans les instances décisionnelles Bruxelloises.

Mais de précision l'extrémisme Flamand n'a cure.
Ils veulent être chez eux, dans un territoire sans minorité reconnue, avec une frontière linguistique qui s'apparente à une frontière d'état. La wallon est un "fainéant" et le Bruxellois un "gaspilleur".

Il faut préciser que les mouvements dits séparatistes ont obtenu près de 40% aux dernières élections. Il faut aussi dire que quand on confronte un flamand et cette statistique il répond souvent que "ça ne veut pas dire qu'il est séparatiste, il vote pour leur programme économique". Honte ou réel vote de duplicité? Et dangereux avec ça? Bonne question.
Reste que faire sécession pour les flamands signifierait perdre Bruxelles, majoritairement francophone et qu'ils n'y sont pas prêts. Au contraire ils veulent enclaver la ville pour l'emmener avec eux en cas de scission. C'est sans doute une des raisons de leur volonté de scinder BHV. Même si les séparatistes restent minoritaires.
Car bien que minoritaires ils ont le vent en poupe et leurs idées ont du succès auprès de la population. Les flamands sont sensibles au discours des partis radicaux qui se propage du coup aux partis dits traditionnels. Nous avons donc face à nous une classe politique flamande littéralement en train de concourir pour le titre de meilleur flamand. Au risque de s'éloigner de ce que veut le peuple? Peut-être. Ou au risque de le convaincre qu'ils ont raison. Autre radicalisation.

Face à cela les hommes politiques francophones ont toujours été extrêmement timorés. Parant au plus pressé. Cédant pour avoir la paix. Sans jamais porter de réel projet pour les régions francophones.
Car les francophones ils s'en fichent un peu en fait du conflit linguistique. Mais de moins en moins. Beaucoup commencent à en avoir marre ou à penser qu'on ne serait peut-être pas plus mal sans eux mais sans que ce soit réellement répercuté au niveau politique. Lire ceci au sujet des francophones (ook beschikbaar in het nederlands).

Voilà en gros ce qui se passe en belgique. Des flamands qui exigent et qui n'en ont jamais assez au nom d'un repli identitaire non unique en Europe mais néanmoins préoccupant. Des francophones qui cèdent mais qui ne peuvent pas décemment céder beaucoup plus.
A ce jour lors des négociations, ils ont déjà abandonné le respect des droits fondamentaux à l'accès à la justice ou l'administration dans leur langue pour les 80.000 personnes citées plus haut. Que leur reste-t-il en échange... ? Trente deniers... sans doute comme disait un ami récemment.
Et personnellement un peu de honte. La honte que l'on brade le droit des gens pour une éphémère et trompeuse pacification communautaire d'un conflit basé sur le rejet de l'autre.




21 novembre 2011

Politique Fiction - PLauLitique Belche

Nous sommes le 7 janvier 2013. Dans l'attente de la formation d'un gouvernement les députés et le gouvernement ex-Leterme pas si démissionnaire dirigent toujours vaille que vaille un pays au bord de la semaine cruciale.
Et là c'est le drame.
La politique belge s'arrête. Pour peu qu'elle ait un jour avancé hein fieu dis.

Laurent L. (pseudo) a fait passer par erreur une proposition de loi interdisant les propositions de lois. Le titre exact était "Proposition de loi interdisant les propositions de lois qui ne soient ni populistes ni liberticides" mais il y a eu une erreur de manipulation du photocopieur lors d'une séance de body-body de formation avec son assistante. #LauL quoi...

De leur côté les quelques Députés présents non assoupis l'ont votée croyant qu'elle ne s'adressait qu'à lui et qu'ils en seraient ainsi débarrassés. Mais las. C'est l'impasse.

Impossible de déposer une nouvelle proposition de loi qui annulerait cette désormais loi.

Les wallons et les flamands arriveront-ils à se mettre d'accord sur une modification de la Constitution qui sauverait la situation? Laurette L (nom d'emprunt) pardonnera-t-elle à son fils illégitime sa bévue qui risque de la prîîver d'un poste important sur la scène internationale? La C5 merco à nonante mille boules d'Antoine sera-t-elle vendue? Bart mangera-t-il encore des gaufres au chocolat? Vous le saurez en... ha ben non, vous ne le saurez pas.

C'est ballot.

copyright Christian Sarbach


18 novembre 2011

Réponse du Ministre Henry (ecolo) au courrier d'UrbAgora - Tram Liège

Image source ©GRE
"Madame, Monsieur,

Nous avons bien reçu votre courriel relatif aux choix de tracé de l’axe 1 du
tram de Liège.

Croyez bien que nous comprenons vos préoccupations et que nous partageons
votre analyse : le tram est un projet d’ampleur qui nécessite que de bonnes
décisions soient prises. Permettez-moi de vous rappeler que le Gouvernement
wallon s’est engagé résolument, dès son installation, à concrétiser ce
dossier qui n’était alors qu’au stade de projet.

Nous avons souhaité envisager un tram qui s’insère dans un cadre plus large,
structurant l’agglomération : une organisation multipolaire et hiérarchisée
du service, et qui améliore profondément la mobilité et la qualité de vie en
transformant le réseau de transport en commun.

En mars 2010, le Gouvernement wallon confirmait l’ampleur, inégalée en
Wallonie, de l’investissement : 500 millions d’euros. Il validait également
un corridor pour le tracé du tram, de Jemeppe à Herstal, en passant par les
Guillemins et Saint-Lambert.

Ce projet en main, nous avons consulté les conseillers communaux des
communes concernées dans l’agglomération liégeoise. Nous avons rencontré
également le TEC Liège-Verviers, les Commissions Consultatives Communales
d’Aménagement du Territoire et de Mobilité (CCATM), les associations
concernées (dont celles actives dans le domaine de l’environnement, de
l’urbanisme…), des représentants des commerçants et de la société civile
organisée lors des Ateliers urbains. Enfin, nous avons permis, grâce à un
soutien financier conséquent, l’organisation par la plate-forme associative
« TramLiège.be » d’un forum « Faire du tram un projet de long terme à Liège
».

A de multiples occasions depuis un an et demi, les questions que vous
soulevez dans votre courrier ont été abordées sur base d’études fouillées,
techniques et/ou financières.

Prenons un exemple symbolique : la desserte du quartier Saint-Léonard. Cette
desserte a été abordée dès octobre 2010. Les conclusions étaient claires :
l’impossibilité de faire passer le tram au cœur du quartier Saint-Léonard.
En juillet 2011, les bureaux d’études ont malgré tout affiné l’analyse.
Conclusion : ce tracé aurait pour conséquence l’expropriation de
pratiquement l’ensemble des numéros pairs de la rue Saint-Léonard, ou
l’ensemble des numéros impairs de la rue Lamarck car ces rues ne sont pas
assez larges pour permettre le passage du tram. Et même en expropriant la
moitié de ces rues et en supprimant l’ensemble des places de stationnement,
vu la fréquence des trams, les livraisons, déménagements ou travaux seront
rendus au mieux extrêmement difficiles, au pire impossibles. Ayant à cœur la
qualité de vie des Liégeois, nous souhaitons que le tram soit une réelle
plus-value, plutôt que l’arrêt de mort de certains quartiers.

Il revient maintenant au Gouvernement wallon de valider les dernières
options relatives au tracé. Pour des raisons d’agenda, il n’a pu le faire
cette semaine. Comme un grand nombre d’autres points de l’ordre du jour de
ce jeudi 10 novembre, le projet de tracé sera discuté lors de la réunion du
Gouvernement wallon de la semaine prochaine.

Le tracé, enfin prêt pour les études techniques et les plans, sera soumis -
c’est une obligation légale - à une double enquête publique (autour de juin
2012 et de février 2013).

Au cours de ces deux procédures, les informations complètes seront à votre
disposition, et chacun sera libre d’exprimer ses remarques et suggestions,
dont nous aurons légalement l’obligation de tenir compte.

Mais je veux aller plus loin : dès avant ces enquêtes publiques, nous irons
à votre rencontre dans les quartiers pour vous expliquer le projet de tram.
Vous aurez ainsi toutes les cartes en main pour vous prononcer, en
connaissance de cause, lors des enquêtes publiques. Cela nous permettra
également d’encore mieux appréhender vos préoccupations.

Le projet de tram pourra ensuite poursuivre son chemin, vers le début des
travaux (fixé à la mi-2014) et sa mise en service à l’occasion de
l’exposition internationale qui ne manquera pas d’être organisée à Liège en
2017.

C’est donc ainsi, à votre service, que nous bâtissons le projet de tram.



Philippe Henry
Ministre de l'Environnement,
de l'Aménagement du territoire et de la Mobilité
Rue des Brigades d'Irlande, 4 - B-5100 Jambes




_________________________


Courrier envoyé aux ministres, bourgmestres et intervenants : 


Oui au tram, non à ce tram

Monsieur le Ministre-président,
Madame et Messieurs les Ministres,
Messieurs les Bourgmestres,
Monsieur le Secrétaire du gouvernement,
Mesdames et Messieurs les membres du Comité de pilotage du tram,

Ayant appris que le gouvernement wallon pourrait prendre une décision
définitive concernant le tracé du tram de Liège dès ce jeudi 10 novembre, je
m’adresse à vous pour vous demander de reporter ce point. Il me semble en
effet que les attentes que les habitants de la ville et les usagers du
transport en commun sont en droit de former à l’égard d’un investissement
aussi important ne sont pas encore rencontrées.

D’abord, ce tram semble conçu sans lien avec le transport ferroviaire. La
complémentarité entre le train — qui permet des déplacements rapides à
travers toute l’agglomération — et le tram — que sa capacité destine à la
desserte des zones les plus denses et des tronçons les plus chargés du
réseau — semble absente. Il serait à mes yeux incompréhensible qu’un projet
de cette ampleur ne s’inscrive pas dans un concept intégré de mobilité à
l’échelle de l’agglomération, associant le développement d’un réseau express
ferroviaire, le redéploiement du réseau de bus, la mise en valeur du vélo,
une politique de stationnement automobile adaptée et l’organisation
systématique de l’intermodalité. Cette dimension est quasiment absente de
l’étude que vous avez commandée. Je souhaite, à cet égard, que soit tenu
compte des conclusions du Plan urbain de mobilité (PUM) qui a étudié cette
question mais n’a toujours pas été publié à ce jour. Plus concrètement, je
vous demande de faire de l’intégration tarifaire entre le train et le
transport urbain une priorité : je souhaite pouvoir utiliser tout titre de
transport TEC sur le réseau urbain de la SNCB et inversement. Il est
également indispensable que le tracé du tram permette de passer aisément
d’un mode à l’autre, notamment en passant par la gare d’Herstal ou la Place
Vivegnis.

Par ailleurs, en choisissant de construire une ligne unique en fond de
vallée plutôt que d’amorcer un réseau, le tram tel qu’envisagé est loin
d’optimiser l’investissement. Il laisse de côté des quartiers très peuplés
et où les problèmes de mobilité sont considérables — Sainte-Marguerite ou le
Longdoz, notamment, deux quartiers dans lesquels il est difficile, à l’heure
de pointe, de monter dans un bus — pour desservir des zones (Tilleur ou
Basse-Campagne) où la demande prévisible ne justifie pas à ce jour le
déploiement d’un mode aussi lourd que le tram.

Ensuite, en optant pour un tracé tangentiel aux quartiers, en imposant le «
rabattement » de nombreuses lignes de bus (par exemple la ligne 58, vers le
Sart-Tilman) vers le tram et en ne s’arrêtant, en moyenne, que tous les 750
mètres, le projet actuel pourrait dégrader la qualité du service de
transport en commun offert à une part significative de ses usagers actuels.
Je vous demande dès lors d’opter pour un tracé plus urbain, passant au cœur
des quartiers et s’arrêtant plus souvent que ce qui est aujourd’hui prévu.
Et de maintenir certaines liaisons de bus essentielles, comme la liaison
directe entre le centre-ville et le campus du Sart-Tilman.

Enfin, ce projet ne s’est accompagné, à ce jour, d’aucune concertation
publique. Aucune séance d’information accessible à tous les citoyens n’a été
organisée. Le Conseil communal de Liège n’a jamais tenu un débat en séance
publique sur ce dossier. L’information concernant le projet reste largement
inaccessible pour le public. Comment envisager l’adhésion de la population
dans ces conditions ? Il semble donc urgent, avant toute décision, de mettre
en place une réelle concertation publique, qui permettra sans nul doute
d’améliorer le projet, au bénéfice de la collectivité.

En espérant que vous tiendrez compte de cette requête, je vous prie
d’agréer, Monsieur le Ministre-président, Madame et Messieurs les Ministres,
Messieurs les Bourgmestres, Monsieur le Secrétaire du gouvernement, Mesdames
et Messieurs les membres du Comité de pilotage du tram, mes très cordiales
salutations.


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