07 décembre 2015

La responsabilité de la honte - Carte blanche



Avec assez de temps, et si les conditions de son implantation ne sont pas contrecarrées, un parti populiste atteint une masse critique qui lui permet de devenir une force de premier plan.

Quand leur victoire arrive ce n’est pas un choc. Ce n’est pas non plus une surprise. Est-ce une honte ? Oui.
Mais pas forcément celle de l’électeur.

On ne peut pas balayer d'un revers ce résultat en le mettant sur le compte d'un simple rejet, d'une contestation ou d'un racisme primaire de l'électeur, même si ces éléments jouent clairement un rôle non négligeable.

Cette honte, c'est d'abord celle d’une classe politique qui n’a pas su gérer les enjeux de notre société moderne.
Si un populiste s'engouffre dans les trous béants de l'intervention de l'état c'est la faute de ceux qui ne les rebouchent pas.


Sur le plan économique l’état se contente de taxer plus en croyant mordicus que l’argent qu’il saupoudre en retour aura un effet suffisant.
Il faut cesser de croire que l’action de l’état est déterminante en matière économique. En Europe les moteurs de croissance sont les petites et moyennes entreprises.
En Belgique 80% des emplois non publics sont dans les PME. Il faut leur donner les moyens de leur croissance.
Elles seules peuvent in fine endiguer le chômage de masse qui est une des causes fondamentales de la montée des populismes.


Or les PME sont les plus imposées des sociétés. Avec peu d’accès aux niches fiscales quand les grands groupes ne paient quasi pas d’impôt en taux effectif.
Ce n’est pas normal. Tout le monde le voit. Or on ne voit aucune réforme globale de l’impôt ne vient au secours de ces entreprises qui se trouvent en première ligne de la dégradation de la situation économique.
Une multinationale paie 1 ou 2 % d’impôts. Nos entrepreneurs en construction se paient du 30%.
Et le citoyen plus de 50 si l’on ajoute la TVA et les autres impôts indirects.


Sur le plan social on assiste à une réelle paupérisation des classes moyennes et une dégradation des conditions de vie des plus pauvres.
C’est là que l’Etat devrait intervenir mais il ne le fait pas. Les classes moyennes sont les tranches les plus taxées. Les revenus dits d’intégration sont eux largement en dessous du coût de la vie. C’est un non-sens inacceptable.
Il faut revoir les revenus de remplacement. Vers un revenu universel ? C’est une piste mais ce n’est pas la seule.


Sur le plan purement politique il est temps de cesser cette course aux mandats, aux intercommunales, aux parastataux, à la multiplication des niveaux de pouvoir, à la dilution des responsabilités, à la gabegie dépensière.
Il faut améliorer l’état. Des années de réformettes en ont fait des monstres de complexité que plus personne ne comprend, pas même ses acteurs.
Et tant qu’à faire, que l’on supprime ces cases de tête aux élections qui ne sont qu’une façon pour les partis de contrôler ses élus au détriment de la représentativité citoyenne.


Il faut avoir le courage de reconnaître que nous sommes dans un état qui ne forme plus correctement ses jeunes. Qui a abandonné le terrain de l’intégration. Qui a laissé s'installer le communautarismes. Qui ne gère pas son immigration. Qui laisse les populations se diviser et incite pas son inaction à un retour des racismes, larvés ou à découvert. Qui ne protège plus les plus démunis. Qui tente en permanence de placer des rustines sur un appareil dont on a perdu le contrôle. Où la réussite d’une entreprise dépend des liens privilégiés qu’elle a avec le pouvoir.
Relisez l’article de Médor sur Mithra si vous n’êtes pas convaincu, si tant est que ce soit possible.


Et en parlant de presse, peut-on dédouaner sans ciller une presse qui fait trop souvent le lit de ces poujadismes et populismes, que ce soit par complaisance ou par course à l’audience ou par facilité  ?
Il nous faut un 4ème pouvoir incisif, pertinent. Qui ne laisse pas répondre à côté de la question. Qui analyse sans favoritisme.
Je suis lassé de ces éditos qui vont du catastrophisme à l’apologie. De lire en permanence les « bons clients » ressasser du vide.  De voir agiter des peurs, du premier degré, de l’émotionnel.


Oui le monde change. Oui les frontières s’estompent. Et non on n’arrivera pas les remettre en place. Le protectionnisme ne marche pas. Ce n’est peut-être pas gai à lire mais il faut trouver les moyens de gérer cette nouvelle donne.
Oui on va devoir vivre avec la mondialisation. Cela voudra dire par exemple amener les pays en développement à cesser le dumping en montant leur couverture sociale. Et oui c’est illusoire à court terme. Et oui on va devoir y faire face quand même.

C'est à l'offre politique d'évoluer qualitativement, d'écouter, et de répondre à ces enjeux sociétaux, loin de petits jeux de pratique politicienne électoraliste à court terme.

Est-ce que cette longue liste non exhaustive des faillites du politique veut dire que l’électeur n’a aucune responsabilité ? Je ne pense pas.


Depuis trop longtemps il vote pour ces partis qui noyautent l’état et se servent avant de servir l’Etat. Depuis trop longtemps il est acteur de clientélisme. Depuis trop longtemps il accepte que « son » parti place sur les listes des « parvenus », toutes formations confondues.
Depuis trop longtemps il s'abstient ou refuse de s’impliquer parce que « ça ne sert à rien », «  ce seront toujours les mêmes » etc.

Oui il est temps de s’impliquer, c’est nécessaire. De s’informer. D’être acteur de démocratie au lieu d’être un désabusé contestataire qui vote par rejet au lieu de voter par adhésion.
C’est par plus de démocratie qu’il faut s’en sortir, pas en votant pour des formations liberticides.

Construisons la société de demain sur le projet et non sur le rejet.

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